Éleveurs et associations de protection : pas si incompatibles!
Depuis des décennies, éleveurs et associations ont du mal à s’entendre. La plupart du temps, les associations reprochent aux éleveurs de faire naitre des vies alors qu’il y a des centaines (milliers) de malheureux à sauver. Ce qui est vrai. Mais à mon sens, il y a confusion dans les causes et les remèdes.
Pourquoi y a-t-il autant d’animaux abandonnés?
Une des premières causes d’abandon est la mésinformation, suivie de près par le désintérêt.
On n’est pas au courant des besoins fondamentaux de l’animal, on n’imagine pas le temps/le budget/l’énergie nécessaires pour bien s’en occuper et lorsqu’on s’en rend compte, on est dépassé. Ce n’était pas prévu comme ça! Les rongeurs, en particulier les hamsters, sont souvent achetés sur un caprice/coup de tête, souvent pour un enfant. Et quand on réalise les besoins réels de l’animal, on passe du « petit animal posé dans un coin sur la cheminée » à un animal dont il faut s’occuper tous les soirs, par les parents, qui prend beaucoup de place et un budget plus conséquent. Mésinformation.
Ce manque d’information atteint aussi les vendeurs en animalerie, qui sans le savoir vendent des animaux inadaptés aux demandes des clients. Ils ne séparent pas (ou mal) les femelles et les mâles, les adoptants se retrouvent avec une portée surprise et ne savent pas qu’en faire! Actuellement, cela semble être la plus grande cause de placement en association.
Le désintérêt, c’est l’autre réponse à toutes les bonnes informations : la personne les ignore (voire ne cherche même pas à savoir), garde son hamster dans des conditions inadaptées et se retrouve avec un animal intouchable ou inintéressant (qui dort la journée… ) et finit par se lasser et l’abandonner.
Enfin, les quelques rares abandons à contrecœur sont souvent issus de problèmes familiaux ou de départ à l’étranger imprévu.
Il y a éleveurs et éleveurs
A mon sens, le gros problème quand on s’oppose aux « éleveurs » c’est qu’on fait bloc contre trois groupes de personnes bien différents!
Les grossistes : le combat mené contre les grossistes l’est à juste titre! Ce sont des éleveurs « de gros » (rodent farms), l’élevage de rongeurs (ou autres animaux d’ailleurs) est fait dans l’unique but de faire du profit, la vie animal n’a aucune valeur. Ils ne travaillent pas tous de la même façon, certains sélectionnent un peu mieux que d’autres, pourtant, aucun grossiste ne peut apporter une bonne qualité de vie à ses animaux (que ce soient les adultes reproducteurs ou les bébés) sinon ils en sortiraient déficitaires. Les frais sont coupés au maximum (alimentation peu chère, habitats minimum, animaux collés à plusieurs…) et les animaux sont remplacés quand ils meurent (ce qui est bien moins cher que de garder les animaux qui ne reproduisent pas!). Ils ne gardent aucun suivi de leurs lignées (et disons-le franchement, se fichent éperdument de ce qu’il peut bien se passer), et reproduisent « ce qui se vend » (couleurs, types de poils…).
Les éleveurs « sous la table » (en anglais on appelle ça « backyard breeder, littéralement celui qui élève au fond du jardin) : ils ne se font pas forcément appeler « éleveurs » (ça dépend de l’un à l’autre), ils reproduisent volontairement leurs animaux pour diverses raisons : gagner des sous, parce que les bébés c’est mignon, parce qu’ils ont un couple et ne veulent pas les séparer… Ces pseudo-éleveurs sont également à combattre, ils élèvent des animaux venant des grossistes, dont le taux de consanguinité est élevé, n’ont souvent que de maigres connaissances dans l’espèce élevée, et placent au premier venu sans informer. Ils n’ont pas forcément appris (et la plupart du temps ne cherchent même pas à savoir) comment sélectionner une lignée, comment détecter des soucis génétique… Ils placent sans contrat et sans enseigner les bases aux personnes qui adoptent.
Les éleveurs « éthiques » (respectueux) : ils surveillent leurs lignées et cherchent à améliorer la santé, le caractère et à maintenir un physique adapté à l’espèce. Ils informent un maximum, refusent les adoptions bancales ou caprice, redirigent lorsque la demande semble inadaptée vis-à-vis de l’espèce qu’ils élèvent. Il est extrêmement rare de voir un animal d’éleveur éthique être abandonné, pour la bonne raison qu’un éleveur respectueux reprendra toujours l’animal lorsqu’il y a un soucis (on élimine ici les abandons par mésinformation et désintérêt puisque les demandes sont traitées longuement) ou aidera la personne a trouver une nouvelle famille.
Quel combat mener?
Le combat contre l’abandon doit être mené de plusieurs manières différentes. D’une part, le boycotte des animaleries qui vendent des animaux, et par conséquent des grossistes fera une réelle différence. Moins il y a d’achats, moins le chiffre des grossistes augmente, et moins ils voudront produire. Mais ça, c’est un peu une utopie malheureusement, c’est un combat complexe.
Le point le plus important pour moi c’est l’information du grand public, l’éducation des plus jeunes mais aussi des parents (qui cèdent souvent sans bien savoir le mal qu’ils font). A l’heure actuelle, beaucoup vont chercher leurs informations dans le seul lieu qu’ils connaissent : les animaleries. Si les informations étaient disponibles plus facilement, plus souvent, il y aurait déjà moins de soucis. Actuellement, ce sont surtout les éleveurs éthiques et les particuliers qui informent, même si de plus en plus de jeunes associations commencent à le faire également (c’était rare il y a quelques années de trouver des informations « générales » sur le site d’une association!).
Notre club a été créé pour ça aussi, pour servir de base de référence et que les gens puissent s’informer correctement avant toute adoption. C’est également pour ça que nous réunissons des éleveurs éthiques, des associations et des passionnés, parce qu’au final, nous avons tous la même cause : le bien-être animal. Nous espérons vraiment pouvoir nous associer avec le plus de canaux d’informations possibles : associations, refuges, particuliers, autres clubs, éleveurs éthiques, vétérinaires, boutiques etc.